• Fiché délinquant sexuel, le directeur-photo de Truman Capote continue d'exercer à Hollywood

    Fiché délinquant sexuel, le directeur-photo de Truman Capote continue d'exercer à Hollywood

    Exerçant depuis 40 ans à Hollywood, le directeur de la photographie Adam Kimmel, âgé de 60 ans, a un CV important, ayant travaillé notamment sur les films Beautiful Girls, Subway Stories, Truman Capote, Une fiancée pas comme les autres ou encore Never Let Me Go. Membre de l’Académie des arts et des sciences du cinéma et de l’American Society of Cinematographers, Adam Kimmel a aussi travaillé avec Natalie Portman et Scarlett Johansson mais a également travaillé sur la réalisation de nombreuses publicités pour des marques prestigieuses ainsi que des clips vidéos, tels que celui de "Streets of Philadelphia" de Bruce Springsteen.

    Mais ce que ne savent pas certains de ses collègues, c’est qu’Adam Kimmel est fiché en tant que délinquant sexuel par les autorités américaines. C’est la dérangeante découverte qu’a récemment faite Variety. Le magazine a enquêté sur le directeur de la photographie et a ainsi pu constater qu’il a été arrêté et inculpé en 2003 et en 2010 pour crimes sexuels sur des filles mineures. Sa première arrestation lorsqu’il avait 43 ans résulte d’une agression sexuelle d’une jeune fille, âgée de 15 ans au moment des faits, à Manhattan. Adam Kimmel avait plaidé coupable pour viol au troisième degré et a été condamné à 10 jours de travaux d’intérêt général, 10 ans de probation et 10 ans de fichage sur le registre des délinquants sexuels (changé à 20 ans rétroactivement en 2006 suite à la modification de la loi dans l’Etat de New York).

    Cette condamnation n’a eu aucune répercussion sur sa carrière, cette dernière ayant même pris un tournant puisqu’il a été engagé l’année suivante sur le film Truman Capote de Bennet Miller porté par le regretté Philip Seymour Hoffman. Variety a contacté Adam Kimmel qui, après avoir engagé un avocat, a envoyé une réponse au magazine. Le directeur de la photographie reconnaît les accusations et sa culpabilité et qualifie ses actes comme "des relations sexuelles consenties avec une personne n’ayant pas l’âge légal du consentement". Il poursuit en indiquant : "En acceptant cette responsabilité et les répercussions qui ont suivi, j’ai pu aborder cette expérience avec une meilleure compréhension et une perspective qui m’accompagneront pour le reste de ma vie".

    Si ces faits n’ont pas été connus publiquement c’est parce qu’Adam Kimmel a été condamné en tant que délinquant sexuel de niveau 1, le plus bas des trois niveaux de risque dans l’Etat de New York et si l’on en croit ses dires, "son inscription au registre ne devait pas être rendue publique". Le directeur de la photographie se défend ainsi : "Pendant ma période de probation, j’ai respecté toutes les exigences émises par le tribunal et j’ai essayé de reprendre mon travail et ma vie. Il est important de dire qu’aucune restriction ou limitation qui aurait pu affecter ma capacité à travailler ou voyager ne m’a été imposée et qu’il n’y a jamais eu un seul problème dans ma vie professionnelle résultant de cette affaire".

    Contactés par Variety, d’anciens collègues d’Adam Kimmel ont indiqué qu’ils n’étaient pas au courant de la situation du directeur de la photographie et que s’ils l’avaient su ils n’auraient pas travaillé avec lui. De même, l’Académie des arts et des sciences du cinéma et l’American Society of Cinematographers, qu’il a rejoint en 2008 et 2009, ont botté en touche en rappelant leurs codes de conduite respectifs avec un système d’honneur reposant sur l’intégrité des membres et leur politique sévère contre les comportements abusifs et indécents.

    En 2010, Adam Kimmel est de nouveau arrêté et condamné pour agression sexuelle, au quatrième degré cette fois-ci, sur une autre jeune fille de 15 ans, consciente du statut du directeur de la photographie, à Salisbury mais aussi pour défaut d’enregistrement en tant que délinquant sexuel dans le Connecticut. Cette nouvelle affaire ne l’a pas empêché d’être nommé une deuxième fois au Spirit Awards pour son travail sur le film Never Let Me Go de Mark Romanek avec Carey Mulligan et Andrew Garfield. Les réalisateurs du film ont déclaré à Variety : "Nous n’aurions jamais envisagé de l’embaucher si nous avions eu la moindre idée de ce problème. Nous avons été mis au courant bien après la fin du film et nous étions choqués et angoissés. Les producteurs ont rapidement contacté les parents et tuteurs de tous les acteurs mineurs apparus dans le film pour les alerter de ce problème et s’assurer qu’il n’y avait aucun acte répréhensible non signalé".

    Après Never Let Me Go, Adam Kimmel devait retravailler avec Bennet Miller sur Le Stratège mais c’est finalement pour le film Foxcatcher que les deux hommes se sont retrouvés professionnellement. Selon Variety, Adam Kimmel devrait retravailler sous peu avec Bennet Miller, qui a refusé de répondre au magazine, sur un nouveau projet de documentaire. Entre temps, le directeur de la photographie a travaillé sur de nombreuses publicités avec des stars d’Hollywood, sur plusieurs pièces de théâtre et sur le documentaire And We Go Green de Leonardo DiCaprio en 2019.

    En période post-#MeToo et après l’affaire Weinstein, le cas d’Adam Kimmel démontre une nouvelle fois le manque de contrôle et d’attention aux profils dans le milieu et la protection dont certaines personnes à Hollywood bénéficient. On peut se demander pourquoi Adam Kimmel continue à être embauché alors que plusieurs personnes du milieu sont désormais au courant de son passé et n’ont pas alerté les autorités compétentes. Il aura fallu attendre la vague importante et nécessaire de #MeToo pour faire bouger les choses. Ce n’est qu’après l’affaire Weinstein en 2017 que l’Académie des arts et des sciences du cinéma a établi un vrai premier code de conduite pour ses membres.

    D’autres personnalités ayant abusé de leur statut, de leur pouvoir et de leur influence ont été évincés de l’Académie en 2018 comme Bill Cosby et Roman Polanski, qui a plaidé coupable pour avoir eu des relations sexuelles illégales avec une fille de 13 ans en 1978. Le réalisateur franco-polonais vient d’ailleurs d’être exclu des membres historiques de l’Académie des César, après avoir été sacré meilleur réalisateur pour J’accuse à la cérémonie en février 2020. Le cas d’Adam Kimmel relance quelques questionnements quant au processus d’adhésion aux institutions cinématographiques mais aussi à l’embauche sur des productions cinématographiques. Devraient-elles demander les antécédents judiciaires des acteurs du milieu avant de les embaucher ou de les honorer comme dans d’autres secteurs ?

    Ni l’Académie des arts et des sciences du cinéma ni l’American Society of Cinematographers n’ont précisé si leurs nouvelles mesures allaient s’appliquer à un membre fiché délinquant sexuel ou si Adam Kimmel allait être expulsé. Ce dernier a exprimé ses regrets à Variety et considère qu’on doit aller de l’avant une fois cet état avancé : "Les gens font des erreurs, et quand ils le font, la manière honorable pour aller de l’avant est d’assumer la responsabilité, d’en tirer les leçons et d’en supporter les conséquences. Je crois que j’ai fait cela, et mon souhait le plus profond est de pouvoir continuer à faire partie de cette communauté inspirante et créative à laquelle j’ai consacré ma vie". Pour le moment, Adam Kimmel n’est pas inquiété pour la suite de sa carrière.

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