• Blonde avec Ana de Armas : le film Netflix accusé d'être anti-avortement

    Blonde avec Ana de Armas : le film Netflix accusé d'être anti-avortement

    Attention, spoilers. Il est conseillé d'avoir vu le film Blonde avant de poursuivre la lecture de cet article.

    Déjà même avant sa sortie, Blonde était sujet à de nombreuses polémiques. Et depuis sa mise en ligne sur Netflix, le faux biopic sur Marilyn Monroe signé Andrew Dominik continue de déchaîner les passions. Entre les scènes de sexe et les séquences violentes, le long-métrage divise autant le public et la critique.

    Mais l'un des sujets du film qui ressort depuis qu'il est disponible sur la plateforme américaine est la manière dont Blonde traite l'avortement. On peut voir Marilyn, incarnée par Ana de Armas, subir deux avortements illégaux, et ce contre son gré. Et ces deux actes médicaux l'ont profondément bouleversée et traumatisée.

    Ce qui provoque de vives réactions, outre la violence de l'acte, c'est des séquences en CGI de "fœtus" qui s'adressent directement à Marilyn. Alors qu'elle est enceinte, l'un d'eux lui demande : "Tu me feras pas de mal, cette fois ?", laissant entendre qu'il ne veut pas qu'elle le tue par le biais d'un avortement.

    Le film sort dans un contexte particulier puisqu'il est mis en ligne trois mois après la décision de la Cour suprême américaine de révoquer Roe v. Wade, l'arrêt historique de 1973 qui protégeait le "droit des femmes à avorter". Désormais, les États sont libres de définir la politique relative à l'avortement dans leur juridiction.

    Alors, les différentes séquences d'avortement dans Blonde et cette représentation d'un "fœtus" qui culpabilise sa génitrice et remet en cause l'avortement ont été vivement critiquées par les militants du droit à l'avortement.

    Parmi les voix qui se sont exprimées, il y a celle de Caren Spruch, la directrice nationale de l'engagement des arts et du divertissement du Planned Parenthood (PPFA), l'un des principaux regroupements de planification familiale aux États-Unis, relayée sur Hollywood Reporter :

    "Alors que le cinéma et la télévision façonnent la compréhension de nombreuses personnes sur la santé sexuelle et reproductive, il est essentiel que ces représentations décrivent avec précision les véritables décisions et expériences des femmes.

    Alors que l'avortement est un soin de santé sûr et essentiel, les fanatiques anti-avortement contribuent depuis longtemps à la stigmatisation de l'avortement en utilisant des descriptions médicalement inexactes des fœtus et de la grossesse. Le nouveau film d'Andrew Dominik, Blonde, renforce leur message avec un fœtus parlant en CGI, représenté comme un bébé complètement formé."

    Pour Caroline Spruch, Blonde est un mauvais exemple de représentation et dénote dans une industrie qui est en pleine réflexion quant à son rôle concernant les sujets sociétaux aussi importants et leur représentation montrée au public, surtout quelques mois après la révocation de l'arrêt Roe v. Wade.

    "Planned Parenthood respecte la licence et la liberté artistiques. Cependant, les fausses images ne font que renforcer la désinformation et perpétuer la stigmatisation autour des soins de santé sexuelle et reproductive. Chaque issue de grossesse - en particulier l'avortement - doit être décrite avec sensibilité, authenticité et précision dans les médias.

    Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour que toutes les personnes qui se font avorter puissent se voir à l'écran. Il est dommage que les créateurs de Blonde aient choisi de contribuer à la propagande anti-avortement et de stigmatiser les décisions de santé des gens à la place."

    De son côté, le réalisateur Andrew Dominik se défend d'avoir réalisé un film "pro-life" (nom qui désigne le mouvement regroupant associations et personnes, souvent proches des mouvements religieux, qui sont opposées au droit à l'avortement, à l'euthanasie ou encore à certaines formes de contraceptions).

    Le cinéaste s'est exprimé à ce sujet dans une interview pour The Wrap :

    "Ce que dit le film, c'est qu'elle ne voit pas la réalité. Elle voit ses propres peurs et désirs projetés sur le monde qui l'entoure. Vous voyez constamment qu'elle réagit à une histoire qu'elle porte en elle. Et je pense qu'en quelque sorte ce désir de regarder "Blonde" à travers le prisme de Roe v. Wade est collectif.

    Ils ont l'intention de voir Blonde comme un démon parce qu'ils sentent que les libertés des femmes sont compromises, mais ce n'est pas vraiment à propos de ça. Je pense qu'il est très difficile pour les gens de faire abstraction des histoires qu'ils portent en eux et de voir les choses de leur propre gré. Et je pense que c'est vraiment le sujet du film. Les dangers de cela. Mais vous savez, il est difficile pour les gens de pouvoir jongler entre deux idées dans leur esprit. C'est soit noir soit blanc."

    Le réalisateur conclut en expliquant que le contexte de sortie de Blonde joue pour beaucoup dans la perception du film :

    "Je pense que le film est assez nuancé en fait, et je pense que c'est très complexe, mais cela ne rentre pas dans les cases. Les gens sont évidemment préoccupés par les pertes de libertés. Mais, je veux dire, personne ne s'en serait soucié si j'avais fait le film en 2008, et personne ne s'en souciera probablement dans quatre ans. Et le film n'aura pas changé."

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