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Sueurs froides : invisible pendant 30 ans, pourquoi le film d'Alfred Hitchcock avait disparu
De son vivant, Alfred Hitchcock a tourné plusieurs films pour Paramount avec un contrat spécifiant que les droits d'exploitation des films devaient lui revenir passé un délai de huit ans. Le studio s'est exécuté et ces films n'ont ensuite quasiment plus été diffusés à la télévision ou au cinéma et ce pendant près de trente ans, devenant connus comme les "5 Lost Hitchcocks".
On comptait parmi ces longs métrages Fenêtre sur cour, L'Homme qui en savait trop (version 1956), Sueurs froides et Mais qui a tué Harry ?. Hitchcock a ensuite récupéré les droits d'un cinquième film, La Corde, qui avait longtemps appartenu à son producteur (Sidney Bernstein), et avait de fait été un peu plus visible que les autres.
A la mort de son père en 1980, Patricia Hitchcock a hérité des droits de distribution de ces cinq classiques du metteur en scène mais n'en a rien fait, rendant les films invisibles. On ignore toujours à ce jour ce qui a poussé son cinéaste de père à jalousement garder ces films pour lui, qui était allé jusqu'à chercher à faire détruire les autres copies en circulation.
En 1983, Universal a payé 6 millions de dollars (environ 16,7 millions de dollars actuels) afin d'acquérir les droits de distribution. Avant cela, d'autres s'étaient cassés les dents à essayer de trouver un accord financier pour une diffusion télévisée de ces films. Même pour Universal, trois ans ont été nécessaires à convaincre Herman Citron, l'agent d'Hitchcock, à céder ces droits.
Lors d'une rétrospective Hitchcock en 1969, le National Film Theater a demandé s'il existait encore une copie de Sueurs froides disponible. Henri Langlois, alors directeur de la CInémathèque française, a fourni une copie mais afin d'avoir les droits de la diffuser, le National Film Theater devait révéler à Hitchcock la source de la copie. De peur qu'il ne demande à ce qu'elle soit détruite, le NFT a refusé de répondre et le film n'a pas pu être montré.
Le même problème s'est à nouveau posé pour Fenêtre sur cour, avec le même résultat. Du reste, un souci de droits se posait, qui a mené à un procès entre l'auteur de la nouvelle d'origine, Hitchcock et la Paramount. Triste anecdote, lorsque le festival de Berlin a rendu hommage à James Stewart en programmant une rétrospective de son oeuvre en 1982, les ayants-droits ont refusé que ne serait-ce qu'un extrait de Sueurs froides ne soit diffusé.
Adaptant un roman de Boileau-Narcejac se déroulant à Paris (D'entre les morts), Hitchcock a choisi de placer l'action de son Vertigo à San Francisco et de tourner une fin différente du livre. Ou plutôt deux fins. La fin originale du film est celle dans laquelle Scottie (James Stewart) baisse le regard stupéfait vers l'endroit où Judy est tombée et s'est tuée. Mais Hitchcock a tourné une scène destinée à être placée chronologiquement juste après cette scène de chute.
On retrouve Midge (Barbara Bel Geddes) dans son appartement, écoutant la radio. Elle entend Scottie rentrer, sert deux whiskies, lui apporte le sien, mais il est pensif, ne lui adresse pas un mot. Il accepte le verre en silence, ne trinque pas, se tourne vers la fenêtre. Ils échangent un regard, il n'a rien à lui dire. Elle s'assoit sans le quitter des yeux. Les apparences pourraient laisser croire que tout est revenu à la normale, mais il n'en est rien.
Hitchcock aurait tourné cette scène afin que les censeurs d'autres pays n'imaginent pas que le meurtrier s'en sort comme s'il ne s'était rien passé. Cette raison supposée par la plupart des historiens est malgré tout encore incertaine à ce jour.
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Tags : Sueurs froides, Alfred Hitchcock
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