• Rashômon ressort en salles

    Réalisé par Akira Kurosawa au début des années 1950, Rashômon est sorti en France le 18 avril 1952. Il relate le récit d'un paysan qui vient s’abriter d’une pluie torrentielle sous une vieille porte délabrée où se sèchent déjà un bûcheron et un prêtre.

    Ces derniers semblent ne rien comprendre à une affaire à laquelle ils ont été mêlés bien malgré eux. Un samouraï aurait été assassiné et sa femme violée ; quatre témoins du drame, dont le prêtre et le bûcheron, vont donner leurs versions des faits, toutes contradictoires.

    D'une fascinante modernité, Rashômon a marqué l'Histoire du Cinéma de son empreinte. Il s'agit notamment du premier film dont la narration utilise le flash-back sur trois temporalités différentes : le présent, l'époque récente du procès, et l'époque antérieure du crime.

    Le fait de raconter un événement via plusieurs points de vue différents deviendra ensuite l'effet Rashômon, influençant de nombreux scénaristes et cinéastes à travers le monde.

    C'est aussi le premier long-métrage nippon à avoir remporté un grand succès à la fois au Japon et à l'étranger.

    Ce chef-d’œuvre du maestro Akira Kurosawa est tiré de deux nouvelles d’un recueil de Ryunosuke Akutagawa, Rashômon (1915) et Dans le fourré (1922).

    Le film est l'adaptation de ces histoires se déroulant en pleine période médiévale. Kurosawa se réapproprie un décor fabuleux, celui de La Porte de Rashō, proche de la ville de Kyoto.

    Sous cette arche, de nombreux colporteurs passaient se raconter des légendes urbaines. Le metteur en scène écarte le côté épouvante figurant dans la première nouvelle et se concentre sur l’histoire de la deuxième. Ce qui l'intéresse plus, c'est le récit d’un procès aux différentes versions concernant le viol d’une femme.

    À noter que l'adaptation cinéma est lancée sous l'impulsion de Shinobu Hashimoto. Ce dernier, encore jeune scénariste, a proposé le projet à Akira Kurosawa. Ce premier partenariat marque le début d’un long travail de collaboration à l'écriture.

    Les deux artistes travailleront ensemble pour Les Sept Samouraïs (1954) et Le Château de l’araignée (1957). Hashimoto est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands scénaristes japonais de la première moitié du 20ème siècle.

    À la fin de la guerre, le Japon opère une refonte complète de son industrie cinématographique, créant trois prestigieuses institutions de production dont la Daiei. Cette société est le fruit de la fusion de plusieurs studios.

    Son président, Masaichi Nagata, souhaite envoyer le catalogue japonais sur tout le continent, osant même espérer l’exporter en Occident. Il va alors se mettre à chercher un long-métrage qui lui permettrait d'assouvir cette ambition.

    En 1949, il lance le chantier Rashômon avec Toshiro Mifune. Le comédien finira par devenir l'acteur fétiche d'Akira Kurosawa. Les deux hommes collaboreront sur 16 films !

    Au moment de sa sortie au Japon en août 1950, l'œuvre est boudée et n'est pas reconnue à sa juste valeur. La critique lui reproche son côté trop occidental et ses images "à l’américaine". Le film est même jugé trop réaliste.

    Cependant, après sa projection au Festival de Venise en 1951, la presse du monde entier s'extasie devant ce chef-d’œuvre venu du Pays du Soleil Levant.

    Rashômon remporte la récompense suprême : le Lion d’Or. L’année d'après, il rafle l’Oscar du meilleur film étranger. Ce long-métrage, d'abord incompris dans son pays, est devenu l'ambassadeur du cinéma japonais à travers le monde. Ainsi, le film a ouvert la voie à tout un pan de la culture nipponne à l'international.

    Cinéaste très éclectique, Akira Kurosawa a exploré de nombreux genres durant sa carrière, du film noir au film social en passant par le cinéma d’aventures.

    C'est avec Les Sept Samouraïs, réalisé en 1954, que le réalisateur japonais parvient à s’imposer comme l’un des cinéastes majeurs du 20ème siècle. Ses œuvres ont eu une influence incommensurable sur de nombreux metteurs en scène.

    Par exemple, Sergio Leone s’est inspiré de Yojimbo sur son western Pour une poignée de Dollars. De plus, Francis Ford Coppola et George Lucas ont toujours clamé leur admiration pour les films de Kurosawa. Ils lui vouaient un culte d'une telle ferveur qu'ils n'ont pas hésité à l'aider à financer son Kagemusha.

    Ce long-métrage ambitieux, réalisé par le japonais en 1980, a grandement inspiré Lucas pour la suite de sa saga Star Wars. Il en est de même pour La Forteresse cachée (1958).

    Le réalisateur américain a aussi tenté, en vain, de convaincre Toshiro Mifume de tenir un rôle dans La Guerre des étoiles (Lucas le voulait pour Dark Vador ou Obi Wan).

    Rashômon est ressorti au cinéma depuis le 10 août en version restaurée 4K.

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