• Céline Dion fête ses mille concerts à Las Vegas

    Céline Dion fête ses mille concerts à Las Vegas

    La lumière baisse en fin d’après-midi, et la limou­sine attend devant la propriété de Lake Las Vegas, une banlieue (très) chic de la capi­tale du jeu. Céline Dion s’y engouffre à toute vitesse. Direc­tion le Caesars Palace, sur le Strip de Las Vegas. Elle rentre par l’en­trée des artistes, se change rapi­de­ment dans les loges, passe au maquillage, et monte à 19 h 30 sur scène devant 4 100 spec­ta­teurs venus de partout et qui ont payé leur place entre 140 et 1 300 euros.

    Vingt-deux chan­sons et une heure trente plus tard, le spec­tacle se termine, sous les applau­dis­se­ments. La star remonte dans sa voiture, et retour à la maison. Il est à peine 21 h 30, et Céline Dion peut passer à table avec ses enfants René-Charles, Nelson et Eddy. Exit la star aux 225 millions d’al­bums vendus, et place à la maman à l’ac­cent québé­cois chan­tant et à la langue bien pendue. 

    Depuis presque une quin­zaine d’an­nées, ce rituel rythme quatre jours par semaine la vie de Céline Dion, hors tour­nées inter­na­tio­nales et circons­tances excep­tion­nelles. Une routine qui dure depuis l’an 2003 plus préci­sé­ment, lorsque son mari René Angé­lil annonçait la signa­ture d’un contrat avec l’hô­tel casino Caesars Palace pour, à l’époque, une durée de trois années.

    Dans l’ou­vrage Et René créa Céline*, le jour­na­liste québé­cois Jean Beau­noyer raconte comment l’idée leur est venue de s’ins­tal­ler dans le Nevada, au début des années 2000. Céline s’est alors reti­rée de la scène, et s’est instal­lée en famille à Jupiter Island pour cause de nais­sance de René-Charles. En virée à Las Vegas, le couple assiste au spec­tacle O, produit par le Cirque du Soleil et mis en scène par le Belge Franco Dragone. Assise dans la salle de l’hô­tel Bellagio, Céline n’en revient pas de ces prouesses physiques réali­sées sans efforts appa­rents, de cette poésie des corps parfai­te­ment maîtri­sés et de tant d’in­ven­ti­vité visuelle. Pour elle, c’est du jamais-vu, tout ce qu’elle aime. Alors qu’il s’était douce­ment assoupi depuis des mois sous le soleil de Floride, son désir d’être sur scène et de rechan­ter se réveille soudain, insa­tiable.

    Bref, Céline Dion a une furieuse envie de remon­ter sur le ring après cette période de repos bien méri­tée. A la fin du spectacle, des étoiles plein les yeux, elle souffle à l’oreille de son mari : « C’est ça que je veux faire ! » Toujours à l’écoute de sa femme, René n’hé­site pas une seconde : il la prend par la main, et l’em­mène en coulisses rencon­trer les respon­sables. Le courant passe tout de suite, ils parlent tous le même langage. Comme les Dion-Angé­lil, le Cirque du Soleil créé par le Québé­cois Guy Lali­berté a su conqué­rir le cœur des Améri­cains, sans pour autant propo­ser de vils plagiats de spec­tacles exis­tants. Quant à leur direc­teur artis­tique Franco Dragone, il est à un tour­nant de sa carrière, en train de se lancer seul, avec sa propre société. Fin négo­cia­teur, René ­Angé­lil le cueille à froid en lui faisant une propo­si­tion qu’il ne peut refu­ser. Plus qu’une colla­bo­ra­tion ponc­tuelle, il lui propose une asso­cia­tion, de travailler main dans la main.

    Céline assiste acti­ve­ment aux trac­ta­tions, pres­sée que tout cela prenne forme. L’homme, ses manières de fils d’ou­vrier immi­gré italien installé en Belgique, tout lui plaît. Lorsqu’il propose de travailler à leur futur spec­tacle à La Louvrière, un modeste pate­lin de Wallo­nie situé à 50 kilo­mètres au sud de Bruxelles, elle n’hé­site pas une seconde. Année 2002, la famille Dion s’y installe, le spec­tacle se construit, les répé­ti­tions se succèdent. Deux mille artistes venus du monde entier passent une audi­tion, seuls soixante-dix sont rete­nus. Pendant ce temps-là, à Las Vegas, la salle du Colos­seum est spécia­le­ment construite pour accueillir le spec­tacle et surtout Céline dans une loge de 750 mètres carrés, un record.

    Avant la première, le 21 mars 2003, les critiques se déchaînent. Au mieux, il est repro­ché à Céline de s’of­frir une prére­traite dorée, en passant le reste de sa vie à chan­ter pour des pappys en goguette. Au pire, René est accusé de séques­trer sa femme à Vegas, tandis qu’il passe­rait le plus clair de son temps à claquer l’argent du ménage à la roulette ou au Blackja­ck…

    Les mauvaises langues en sont pour leurs frais et la suite fait désor­mais partie de la légende. Alors qu’elle ne devait y chanter que deux ans, Céline Dion se produira à Las Vegas jusqu’en 2019. Tout en faisant sauter la banque – on parle de plus de 500 millions de dollars de recettes (440 millions d’eu­ros) depuis le lance­ment, le show a égale­ment parti­cipé à l’aura d’une ville alors en perte de vitesse – il a permis la créa­tion de 7 000 emplois indi­rects –, rede­ve­nue fréquen­table pour les plus grands artistes (Elton John, Cher, Rod Stewart, Shania Twain, Brit­ney Spears, Mariah Carey …) et leur public qui n’hé­sitent plus à s’y dépla­cer. Quant à Céline, tous les soirs ou presque, elle dîne chez elle, avec ses trois enfants. Bravo l’artiste, pari gagné.

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